Notre Petit Lien /
Numéro 10

Petit lien numéro 10 - Novembre 2010

Edito

La fin d'année approche, les fruits sont engrangés et il faut penser à notre Assemblée Générale Annuelle qui se situe à un moment charnière puisque l'installation du verger arrive à son terme, seul restera le greffage des pruniers francs et myrobolans à effectuer au printemps prochain avec quelques reprises sur le grand verger.

Dorénavant, avec beaucoup plus de disponibilités, quel rôle nous nous assignerons avec une nouvelle équipe et une nouvelle présidence, de cela nous nous entretiendrons à cette assemblée qui se réunira le jeudi 03 Février 2011 à partir de 19 heures au musée de Beauvoir. Un appel est lancé pour venir renforcer le Conseil d'Administration. Pensez-y et présentez vous.


Alain PLANTARD

Alain nous a quitté. La mémoire de ce fidèle ami, discret, solide, pleinement impliqué dans notre association depuis ses premiers pas sera plus longuement évoquée lors de l'A.G...

Coté Recherche

Une variété de vignes « landau ? » existerait ou aurait existé à St Sauveur, qui en posséderait un exemplaire ?

Coté Jardin Des Carmes

La plante-emblème la Mélisse figure au carré n°9 dit « de femme » ainsi que dans tout jardin de curé qui se respecte. Pour l'histoire, les religieuses de l'abbaye de St Just à Paris, composaient pour Charles V (qui régna de 1364 à 1380) une eau des Carmes avec : Romarin , Mélisse, Anis, Marjolaine, Thym, Absinthe, Sauge, Baies de Genièvre, Cannelle, Cardamonne , Clou de Girofle.

Hormis les trois dernières (et pour cause !), les autres plantes figurent au jardin, et si vous tenez à connaître leurs propriétés, allez consulter les livres de la bibliothèque du musée de Beauvoir en cours de constitution.

Coté Cuisine

Les « Petons » (c'est à dire les beignets aux pommes pour les non-dauphinois):

  • 4 pommes
  • 1 petit verre de « gnole »
  • 1 cuillère à café de sucre en poudre
  • 300 gr de farine
  • 4 oeufs
  • 2 cuillères à soupe d'huile
  • 1 pincée de sel
  • certains ajoutent 15 cl de bière

Laisser reposer une heure au moins pour une pâte homogène et assez épaisse.

Eplucher, évider les pommes, les couper en rondelles et les mettre à macérer dans la « gnole » avec le sucre.

Dans la pâte reposée ajouter les blancs d'oeufs battus en neige dure , puis les rondelles de pommes. Plonger une rondelle de pomme enrobée de pâte dans le bain de friture.

Une fois dorés, saupoudrez les « petons » de sucre et servez chaud.

Au Grand Verger

Au Grand Verger le pommier I11 a une très jolie histoire.

Daniel Ducotterd enquêtant sur des variétés à sauvegarder, nous indiquait que chez Mr Rivait, hameau du Rolland à St Vérand, existait une pomme dénommée « vigne » probablement comme tous les arbres fruitiers plantés dans les rangées de « baco » ou de « clinton » . Cette variété lui avait été donnée par Monsieur Laurent Bachasson, laitier au village, qui fut durant la guerre 39-45 prisonnier travaillant dans une ferme allemande. Avait-il apprécié cette variété de pomme au point qu'ultérieurement, après son « séjour » outre Rhin, il invitait « ses allemands » à lui apporter un greffon de cet arbre qui fut ensuite greffé chez Mr Rivai!.

Au vu d'un exemplaire du fruit de cet arbre et ses caractéristiques, il s'avéra qu'il s'agissait de la variété « winter banana » d'origine américaine ou hollandaise introduite au U.S.A. en 1870 et mise au commerce américain en 1890. En France, elle a été mise à l'étude en 1957.

Cette belle histoire d'une Europe en construction ne méritait elle pas d'être contée ?

Coté Vigne

En 1709, à Vatilieu au registre paroissiale on pouvait lire :

« L'année dernière nous eûmes du vin en si grande abondance qu'on ne scavait où le mettre, le meilleur, le plus cher, ne se vendait que 3 livres la charges et cet année on le vent 30 livres parce que le froit du dème de janvier fut si grand qu'il fit mourir toute nos souches... »


Les Pommes du Chef de Gare

Par Cyrille PELLAS (suite)

Ce fut donc un important nombre de caisses de pommes qui parvint au quai de chargement en gare de Vinay où attendait un wagon ainsi que le négociant. Celui-ci pesa quelques caisses, multiplia par le nombre et le compte allait se terminer lorsque mon Père, saisissant une caisse à part, montra avec fierté les premiers fruits d'un jeune pommier de la variété « Grand Alexandre Blanc ». Ce sont des pommes énormes, à ma connaissance encore les plus grosses 70 ans plus tard.

Le négociant en fut tout surpris ainsi que les personnes présentes d'ailleurs, il en prit une dans chaque main, les déposa sur des pommes d'autres variétés, fit une inquiétante grimace et déclara aussitôt : tu vois tes pommes par rapport aux autres, on dirait une mère poule accompagnée de ses poussins, je reconnais qu'elles sont belles mais elles ont l'inconvénient de déprécier les autres, j'en prends deux pour faire voir à mon épouse mais les autres tu peux les remporter chez toi, la différence de calibre est trop importante. Mon Père fut un peu déçu tout de même, il allait remettre la caisse en question sur la charrette lorsque arriva le chef de gare inspectant le wagon avant de le fermer. Cet homme, tel un surveillant général à qui rien n'échappait, de son regard sombre aux épais sourcils, désignant les fameuses « Grand Alexandre Blanc » déclara: "et celles-ci? ". Mon Père lui expliqua la situation, "oh là là, si ma femme les voyait, elle qui me fait souvent le reproche d'acheter des fruits trop petits !".

Mon Père, après avoir remis deux pommes aux arboriculteurs présents, précisant bien qu'il fallait les croquer avant qu'elles ne soient trop mures, sinon elles devenaient farineuses, prit la caisse devenue moins lourde et l'offrit gracieusement au chef de gare, lui demandant seulement de lui rendre l'emballage.

Mon Père qui s'attendait à parler pommes avec d'autres arboriculteurs, vit alors revenir le chef de gare, le sourire lumineux, tel un arc en ciel après l'orage.

"Ma femme est si heureuse dit-il permettez moi de vous offrir ce bon du P.L.M". (voie ferrée desservant alors Paris Lyon Méditerranée, la S.N.C.F. n'existant pas encore). Si ce bon avait financièrement peu d'intérêt, il avait l'avantage, par tirage au sort, de procurer un droit à circuler sans bourse déliée d'un nombre variable de kilomètres en deuxième classe.

"C'est beaucoup trop lui fit remarquer mon Père", "mais non, mais non", répondit le chef de gare, ajoutant : "oh ! ces dames il en faut si peu pour les rendre affables ! " Mon Père répliqua aussitôt : "croyez moi chef il en faut parfois beaucoup moins encore pour les contrarier".

Quelqu'un ajouta : "voilà un constat que nous pouvons qualifier de parfait" ; un rire général clôtura la séance.

Les juments commençaient à s'impatienter et sur le chemin du retour, celui qui conduit à l'écurie, où les attendait un râtelier empli d'un foin odorant, leur conducteur n'eut pas besoin d'utiliser le fouet, ne serait-ce simplement que de le faire claquer au vent il en aurait fallu si peu pour que l'attelage ne prenne le trot, et plus dangereux, encore, le galop : elles étaient si nerveuses Poulette et Mignonne !.

Mon Père, de retour à la ferme, conta à ma mère l'aventure des grosses pommes blanc-crème et lui remis le fameux bon à tirage du chef de gare. Celui-ci dépassait le prix réel des pommes, même si elles portaient le nom prestigieux de « Grand Alexandre Blanc ».

Mon Père qui avait remarqué plusieurs enfants jouant près de la gare, le lundi suivant, jour de marché à Vinay, descendit un panier de pommes à cette grande famille. Il s'agissait d'une nouvelle variété, des « winter banana » au délicieux goût de banane qui fit voyager les petits cheminots vers de lointains pays en un rêve merveilleux.

Quelques années plus tard, le bon à tirage du P.L.M., (société qui fut nationalisée en 1938 sous le signe S.N.C.F) permit à mes parents, avec les bons gagnés, de visiter Marseille.

Ce fut un chef de gare de Vinay, tout heureux et fier, qui avertit d'un coup de sifflet, en même temps qu'il donna, de son bras levé, le signe du départ.

Enfin arrivée dans la citée phocéenne, la locomotive laissa échapper ses derniers jets de vapeur avec puissance avant de se mettre au ralenti à l'intérieur d'une gare St Charles grouillante de voyageurs.

La visite de cette pittoresque ville débuta par l'incontournable Canebière qui conduit directement à la mer. Sans s'attarder d'avantage, mes parents allèrent tout naturellement remercier la « Bonne Mère » (Notre Dame de la Garde) pour la chance d'effectuer ce voyage. Cette église qui domine le vieux port a ceci de particulier : ses murs sont tapissées d'innombrables plaques en marbre dont les inscriptions témoignent de la confiance des Marseillais en leur protectrice. Ensuite ce fut le tour du vieux port, à voir mes parents déambuler en ce lieu où tant de marins ont jeté l'ancre. Ils s'installèrent dans un des nombreux restaurants afin d'y déguster les fameuses moules marinières.

Un voyage à Marseille ne peut s'effectuer sans la visite du château d'If dont l'existence est connue par tant et tant de personnes, tout ceci grâce à l'imagination extraordinaire de notre grand écrivain Alexandre Dumas Père et son prestigieux roman s'y reportant : Le Comte de Monte-Christo.

La visite terminée, le petit bateau reprenait la direction du vieux port, son habituel lieu d'attache .Une multitude de mouettes, en un vol gracieux, entourait l'embarcation ; mon Père eut la curieuse idée de demander au pilote du plaisancier s'il arrivait parfois que ces oiseux qui planent plus qu'ils ne volent, soient capturés à des fins culinaires. Oh ! imprudente question... Le vieux marinier se gratta la tête, prit un air grave et déclara :

« oh ! peuchère, mais bien sur que oui, puisqu'elle font partie de la famille des palmipèdes, cependant il faut prendre beaucoup, beaucoup de précautions. Il faut prendre son temps et respecter une certaine façon de les cuire, ne rien précipiter, vous devez utiliser une bonne cocotte, pas de celles qui sont minutées, vous y versez un peu d'huile d'olive, vous déposez votre mouette avec par dessus beaucoup, beaucoup de beurre, vous poivrez. Avec tous les mollusques et quelques sardines qu'elles se bouffent elles sont suffisamment salées, inutile d'en rajouter. »

Plusieurs personnes s'étaient rassemblées autour de ce marinier-cuisinier afin de bien écouter cette recette tout à fait imprévue .

Silencieux, puis reprenant un air grave, l'orateur du vieux port, dont l'éloquence, captivait l'attention de tous, déclara : "le plus important voyez-vous c'est de placer dans les cinq minutes qui suivent, pas plus, un bon sécateur neuf de préférence".

Mon Père, imprévoyant mais intrigué, lui demanda : "Pourquoi donc un sécateur ?" Le marinier, au comble de la satisfaction, lui répondit : "c'est une question de prudence, la condition essentielle consiste à ce que dans les heures qui suivent la mise en chauffe, le moment est venu de constater si le sécateur est bien cuit. Dans l'affirmative, vous pourrez enfin donner votre avis sur la qualité de la chair des mouettes du vieux port".

Un grand fou-rire le secoua tout entier, avant qu'il ajoute : " L'hameçon n'était pas trop gros puisque vous avez tous mordu".

Mon Père et les personnes présentes en rigolèrent à leur tour. Mes parents en souriant évoquèrent souvent cet épisode, en ajoutant : " ah ! ces Marseillais.... "

Du pittoresque vieux port, ils allèrent visiter le moderne et impressionnant port de la Joliette. Ils contemplèrent ce spectacle grandiose : l'immensité des entrepôts, ces majestueux paquebots si imposants du ventre desquels entrent ou sortent des voyageurs de toutes les couleurs vêtus, les remorqueurs à la puissance redoutables et enfm ces grues dont la hauteur et la force indispensables à la marine marchande attirent irrémédiablement le regard,

A suivre.....

avec l'histoire des... FRANC-ROSEAU

Sur le Petit Lien N°9 figurait une photo : « le greffage au marteau !» Celui-ci n'est là que pour tapoter le greffon et l'enfoncer après ligature serrée au raphia.

Quand à la photo du greffage en fente, il s'agissait, vous l'avez tous reconnu, d'un greffon de la famille du poirier

Commande habituelle de porte greffes, de même que pour vos désirs de greffons de variétés parfaitement identifiées :

Signalez vos besoins à Yves Micheland avant la fin du mois de Décembre..