Notre Petit Lien /
Numéro 9

Petit lien numéro 9 - Mai 2010

Notre assemblée générale annuelle s'est tenue le 5 février à Beauvoir dans une salle des fêtes comble. En effet, 53 personnes y étaient présentes, 5 adhérents s'étant excusés. Vous en avez eu le compte-rendu dans la presse, nous n'y reviendrons pas.

Bien que formelle par certains cotés, il n'en reste pas moins qu'il s'agit là d'un temps fort, temps de retrouvailles entre tous ceux qui, tout au long de l'année et à titres divers, donnent un peu de leur temps ou de leur attention à la réalisation d'un beau projet. Votre présence à cette réunion y est très gratifiante et un encouragement à persister.

Coté greffage

La salive sur le greffon lui transmet du gelifiant, des désinfectants, des enzymes et surtout « la force du greffeur »!!!

Le juglon, composant spécifique et actif du noyer, empêche la formation du « calus », il se trouve dans la sève; d'où l'habitude, pour empêcher un trop gros apport de sève, de forer un trou au bas du porte-greffe à l'aide d'une chignole. Le juglon n'arrive pas au point de greffe (dixit Hans Sepp-Walker de Fribourg)

transmis par Alain Dupard

Le greffage en fente

Coté cuisine

Choux rouge aux pommes:

  • Eplucher deux gros oignons et les couper menu.
  • Les faire revenir dans un peu d'huile.
  • Lorsqu'ils commencent à fondre, ajouter 4 tranches fines de lard séché, ou fumé, coupées en fines lanières.
  • Faire dorer le lard.
  • Couper le chou en fines lanières et l'ajouter dans la poële avec 4 pommes acides coupées en quartiers.
  • Ajouter thym, laurier, sel, poivre.
  • Mouiller avec un demi-verre de vinaigre de cidre ou de vin et cuire 45 minutes à une heure, à petit feu.

On peut accompagner ce plat de pommes de terre ou de riz complet.

Les arbres fruitiers...

qui figuraient au Capitulaire de Charlemagne (747 – 814), plantés à l'époque essentiellement à des fins médicinales:

Pomarius le Pommier
Pirarius le Poirier
Prunarius le Prunier
Sorbarius le Sorbier
Mespilarius le Néflier
Castanéarius le Chataignier
Persicarius le Pêcher
Cotoniarius le Cognassier
Avellanarius le Noisetier
Amandelarius l'Amandier
Morarius le Murier noir
Ceresarius le Cerisier
Nucarius le Noyer
Laurus le Laurier
Vitis Vinifera la Vigne
Sorbus Torminalis l'Alisier Torminal
Ficus Carrica le Figuier

Un paysan écrivain, Cyrille Pellas, bien connu des adhérents qui ont concouru à l'éclosion de notre association et oeuvré à la création du verger de Beauvoir, s'est enfin décidé, après une longue et douloureuse immobilisation, à mettre sur papier son amour des arbres et à nous en donner primeure. Cette saga s'échelonnera comme un feuilleton sur quelques numéros du Petit Lien. Nous souhaitons ainsi susciter quelques « libres expressions » de la part de nos adhérents.

Les pommes du chef de gare

Nous étions en 1935, année de ma naissance, sur le haut plateau de la Blâche, il y avait encore de nombreux pommiers.

C'étaient des arbres de plein vent, bien aérés et exposés au soleil du matin au soir, souvent isolés dans un champ ou une prairie. La fumure en était assurée par un épandage de fumier décomposé, soupoudré de cendres de bois; traitement: aucun, c'est ce que j'appelle la culture simplifiée. Le sol dans lequel les pommiers s'enracinent est constitué d'une mince couche de limon, reposant sur une importante profondeur d'argile, ce qui permet de maintenir une certaine fraicheur et donne à nos pommes cette délicate saveur tellement appréciée des consommateurs qu'ils se sentent encouragés à devenir des « croqueurs de pommes ».

Le verger était alors composé de trois variétés principales, toutes de bonne conservation:

  • La « Demoiselle »: assez grosse, rayée de rouge, excellente pomme à couteau ou bien en compote, en cas de surplus, broyée puis pressée, le jus une fois fermenté (fermentation de longue durée) nous donnera un cidre d'une finesse à déstabiliser la suprématie des grands crus de Normandie.
  • La « Rose de Bouchetière »: variété issue d'un hammeau de la commune de Vinay, au goût prononcé, pomme à couteau, en compote exprime toute sa puissance et enfin accompagne fort bien une poêlée de boudins.
  • La « Parate »: variété que j'ai connu dans mon enfance avec des pommiers dont un homme avait peine à entourer le tronc avec ses bras.Nous allions non pas en ramasser les fruits avec des caissettes, mais avec une charrette aménagée pour ce travail saisonnier, une paille odorante tapissait le plancher afin d'éviter les meurtrissures. Une grande échelle était nécessaire, le sac en bandouillère se remplira puis se videra dans la charrette combien de fois? Allez bon courage! Ces pommes pas très grosses, d'une couleur crème d'un coté et rose de l'autre, peuventêtre utilisées crues, c'est-à-dire pommes à couteau (les personnes ayant une bonne dentition peuvent se passer du couteau, laissons les croquer). La grande, la sublime qualité de la Parate est de nous permettre d'élaborer la fameuse compote glacée et vanillée. Lorsque vous savourez cette compote, il se produit comme un tourbillon d'ivresse dans votre bouche, cette saveur exquise qui se fixe sur votre langue, cet arôme de rêve qui ondule et vous caresse le palais, on jouerait volontiers les prolongations avant que ne s'éloigne la dernière bouchée. Je n'oublierai jamais, encore gamin, lorsqu'on ouvrait la porte d'un local dans lequel était déposée une importante quantité de pommes Parate, l'odeur si particulière à cette variété qui dilatait nos narines à vous guérir instantanément d'un rhume, si tenace soit-il.

Ces trois variétés, la Demoiselle à chair blanche, la Rose de Bouchetière à chair légèrement jaune-brun, la Parate à chair blanche, tout comme le sommet de nos belles montagnes en hiver, ont en commun le grand mérite de nourrir les oiseaux en période de grand froid. En effet, dans ces grands arbres il y aura toujours des fruits oubliés ou inaccessibles, en automne-hiver, sur l'arbre ou tombés à terre, nous avons le plaisir de contempler étourneaux, merles et grives, particulièrement des vols de grives litornes qui de leurs cris « tiu tiu tiu » animent une nature qui somnole. Puisque j'évoque la vie des oiseaux, permettez moi de préciser qu'à chaque printemps des couples de rouge-queue viennent nicher dans les trous des murs de nos vielles fermes. Le sous-sol, riche d'une argile pure, également appelée terre glaise a servi à la construction de nos murs dits de pisé, murs très épais et protecteurs aussi bien des grands froids que de la canicule.

Maintenant, si vous le voulez bien, revenons à nos pommes.

A chaque automne, un négociant en fruits se rendait de ferme en ferme, effectuer ses achats et fixait le jour ainsi que l'heure de livraison en gare de Vinay. Le jour convenu, mon Père avec sa charrette quatre roues à bandage de fer, tirée par ses deux juments de trait, race auvergnate (dérivée de l'Ardennais, aujourd'hui presque disparue) prit le chemin de la Ville. Chez nous, nous disons descendre à Vinay, car il y a deux descentes et à part une faible pente conduisant au carrefour des trois rois, il fallait le plus souvent se servir de la mécanique, expression donnée au système de freinage, formé d'une plaque métallique appellée sabot, qui pressée fortement sur le bandage de fer des roues, ralentissait la vitesse de l'ensemble. Il était tout à fait inutile d'encourager l'attelage.

À suivre...

par Cyrille Pellas